QU'EST-CE QUE LE CONTE ?

Le mot "CONTE" est un avatar du mot "COMPTE" qui vient lui-même d'un mot latin : « PUTARE » qui signifie, à l'origine, « élaguer les arbres ». Il a clairement un sens d'organisation (d'où « computeur »). C'est un « ordonnanceur » du langage et de la parole.

On y trouve toutes les bases de l'organisation langagière, tant sur le plan du vocabulaire que de celui des phrases et de la logique qui assure leur bon déroulement dans le temps..

Les contes sont comme les rameaux d'un arbre dans lequel ils ont puisé leur substance. Cet arbre est l'arbre des mythes.

La métaphore de l'arbre est intéressante. Comparer les contes à des branches d'arbres ramassées après l'élagage revient à définir assez clairement ce qu'ils sont : des « avatars de mythe ». (c'est, entre autres, la position freudienne) Toutefois, ils ne sont pas que branches, mais aussi fleurs et feuilles.

Le conteur est celui qui, rassemblant les branches, compose des ensembles qui s'enchevêtrent parfois de multiples thèmes. Il les offre à ceux qui l'écoutent. C'est donc d'abord un Être de mémoire qui connaît la mythologie de sa communauté.

L'arbre de la mythologie, tel Ygdrasill, dans la mythologie scandinave joignant la terre et le ciel, distribue ses branches, ses rameaux et ses fleurs afin que, comme les abeilles, nous puissions y butiner un miel aux effluves mythiques.

Si les contes sont fascinants, c'est sans doute parce qu'ils se relient à des racines mythiques qui ont toujours servi à nommer les grands mystères de la vie.

Quoi qu'il en soit, ils rendent compte des mythes desquels ils viennent et sont les instruments privilégiés pour re-conter la tradition.

Le conte « objet », « fixé », tel que nous le connaissons aujourd'hui, est un produit de la technologie de l'écrit. Il n'a sans doute jamais existé sous cette forme. Autrefois, certaines personnes, qui avaient davantage d'appétence pour la « tchatche », s'ingéniaient à relever les drames communautaires du moment afin de les « parler » tout en les enveloppant dans une mythologie.

Les contes « objets » sont nés, sans doute lors de l'expansion des techniques de l'imprimerie (cf. entre autres, les Contes bleus) qui, obligatoirement, fixait sous des formes cristallisées, des processus vivants et adaptables à souhait.

Quoi qu'il en soit, on mesure l'intérêt d'un conteur à son style, son rythme, son mélodisme et sa mémoire. Ce sont des caractères fondamentaux de l'oraliture.

Le « petit conte » pourrait être la COMPTINE. Elle se présente comme un véhicule essentiel pour l'enfant qui s’entraîne à la prise de parole. De plus, elle véhicule de nombreux sens en rapport avec les mythes et les rituels les plus anciens.